Arras antique / Nemetacum
Nemetacum, site antique d'Arras, est localisé au point de confluence des 2 vallées de la Scarpe et du Crinchon.
Avant la conquête romaine (1er ap. J-C), il semble que Nemetacum ait été la capitale d'un peuple de Gaulois du Nord : les Atrébates, dont César parle dans ses "Commentaires de la guerre de Gaules".
En 1981, le projet de rénovation urbaine de la Ville d'Arras prévoyait dans un délai de dix ans, la restauration du quartier Baudimont, localisé au coeur de l'antique Nemetacum.
Depuis 1984, le service archéologique municipal y a mené des campagnes de fouilles annuelles qui ont renouvelé les connaissances sur le site.
Plan de Arras antique
Il s'est en effet avéré que l'ensemble du projet Baudimont occupait tout le quart Nord du castrum (fort) antique et offrait des vestiges en bon état de conservation sur une période de cinq siècles. Les fouilles ont précisé sa fonction de carrefour commercial et militaire.
En témoignent l'établissement de cultes orientaux colportés par les marchands du IIème siècle ou l'implantation de casernes de fédérés, installés pour défendre la frontière à la fin du IVème siècle.
Le site
Localisé au point de confluence des vallées de la Scarpe et du Crinchon, le site permet un franchissement aisé de ces deux cours d'eau. C'est dans cette région, densément peuplée pendant le second âge du fer, que l'on localise traditionnellement Nemetocenna, seul lieu mentionné en pays atrébate (région correspondant à l'Artois dans les Commentaires de César, auquel succède la Nemetacum des Romains.
L'évolution de la cité au Haut-Empire
Nemetacum s'avère être une ville d'importance moyenne d'environ 35 ha de surface urbanisée, dotée d'un réseau de voies se coupant à angles droits et qui s'articulent sur les axes Amiens-Cambrai. C'est au croissement de ces 2 voies que se sont effectuées les différentes phases de développement de la ville.
La mise en place de cette voirie urbaine peut être fixée au tout début du premier siècle après J.-C.. A partir du premier noyau augustéen s'effectuent alors les différentes phases de développement de la ville. Des traces de constructions en torchis en soulignent la progression et la densification. Cette phase d'occupation disparaît ensuite sous un apport important de remblai soigneusement nivelé, préliminaire à la romanisation de l'habitat, dès le deuxième quart du premier siècle en centre ville.
L'enfermement du Bas-Empire
A la suite des invasions germaniques de la fin du IIIe siècle, la ville se transforme en place forte. L'enceinte qui englobe un tiers de la ville du Haut Empire, soit 9,5 ha, correspond au secteur où on localise traditionnellement le centre administratif de la cité des Atrébates.
Arras au Bas-Empire
Le castrum est, à la fin du IVe siècle, la résidence du préfet des lètes bataves, ces mercenaires germaniques entrés au service de l'Empire pour la défense et la remise en culture des provinces septentrionales.
Arras est aussi un centre de commerce et d'artisanat célèbre par sa production de textile de qualité qui s'exporte dans tout le monde romain. De nombreux outils ayant trait au travail de la laine et à la fabrication de draps ont d'ailleurs été retrouvés. Ils témoignent ainsi de l'importance qu'avait prise cette industrie dans notre région. Les grandes invasions de 406/407 mettent un terme à cette prospérité.
Arras antique - La nécropole de Baralle
La construction d'une grande surface à Baralle au lieu dit "la Chapelle des morts" est à l'origine d'une fouille de sauvetage entreprise sur une nécropole du 1er siècle, par le service archéologique de la ville d'Arras, de décembre 1987 à février 1988.
La fouille a été réalisée en amont des travaux et a permis d'étudier l'intégralité du cimetière, soit une superficie d'environ 500 m² ainsi que son environnement immédiat sur 2300 m².
Caractères généraux
La nécropole de Baralle comportait cent trois incinérations s'échelonnant de l'époque claudienne au début de la période antonine (30-40 jusque 120-130 ap. J-C).
Les os incinérés étaient placés soit dans un sac de toile (tas d'ossements présentant alors une forme circulaire), soit dans un coffre de bois (amas rectangulaire). Des incinérations furent également retrouvées dans des urnes, ou encore éparpillées dans les tombes.
Toutes les tombes sont des incinérations, mais il n'a pas été trouvé trace d'ustrinum (bûcher) ou de bustum (lieu où l'on brûle et où l'on ensevelit un mort). Plusieurs objets, fibules, monnaies, céramiques ont cependant subi l'action du feu.
Les mobiliers et offrandes funéraires
Trente tombes ont livré des offrandes alimentaires il s'agit dans la plupart des cas de jeunes porcins (assiette avec ossements de porcs), plus rarement de volailles et des récipients pour la boisson (cruches, jattes).
Vingt monnaies ont été retrouvées, soit dans les urnes, soit déposées sur les ossements. Elles s'échelonnent de Tibère (empereur de 14 à 37 ap. J-C) à Trajan (empeur de 98 à 117 ap. J-C). Le règne de Néron (54 à 68 ap. J-C est le mieux représenté avec neuf exemplaires. Grâce à ces pièces de monnaie, les morts pouvaient payer leur passage sur le Styx et ainsi trouver le repos.
Les fibules, en bronze ou étamées, vont très souvent par paire, déposées comme pour les monnaies soit dans les urnes, soit sur les ossements. D'autres objets, en fer ou en bronze, ont été retrouvés : forces, rasoir, miroir. Une dizaine de pièces de céramique sigillée (40 - 100 ap. J-C) et quatre cents vases environ de céramique commune (seconde moitié du premier siècle) complètent cet ensemble.
Il faut souligner l'abondant mobilier de la tombe 64 : un collier constitué de huit perles en pâte de verre, avec un pendentif phallique, deux monnaies de l'empereur Vespasien (69 à 79 ap. J-C), deux fibules, un bracelet en bronze, trois céramiques et les deux seules verreries trouvées dans la nécropole.
Arras, le sanctuaire germanique
(DÉCENNIES 370/380)
Arras, le sanctuaire germanique, restitution
Cette appellation nous a été suggérée par l'étude du mobilier qui indéniablement est originaire de Germanie libre, en concordance avec les dates d'utilisation données sur le moyen cours de l'Elbe, pour le type de matériel céramique et métallique trouvé sur le site arrageois : céramique (n°74) d'un type connu en Westphalie (province de l'Ouest de l'Allemagne) assez grossière et montée à la main et une fibule en bronze (n°70) répandue en Allemagne du Nord dans la vallée de l'Elbe.
Il rejoint de même les fouilles du sanctuaire germanique découvert dans la région d'Oberdola sur les bords d'un lac, en Thuringe, ou le site de Regensbourg-Harting en Bavière.
On se rapprocherait donc d'un milieu germanique et à priori ces manifestations cultuelles, étranges pour la Gaule romaine, ne sauraient être imputées aux autochtones. En témoignent certains objets comme la céramique (n° 74) d'un type connu en Westphalie (province de l'Ouest de l'Allemagne) assez grossière et montée à la main, et une fibule en bronze (n° 70) répandue en Allemagne du Nord dans la vallée de l'Elbe. Nous nous trouvons probablement face à l'un des rares lieux de cultes germaniques connus en Europe et cette découverte ne peut que contribuer à renouveler la question de la germanisation des provinces Nord de l'Empire romain.
Le sanctuaire germanique, maquette du musée d'Arras
Nous retrouvons également, dans tous ces cas, la présence de restes humains, notamment de crânes et de corps démembrés en particulier de jeunes personnes : squelette d'une jeune fille d'environ 15 ans et des crânes appartenant à des hommes d'environ 30 ans. Les offrandes animales sont également représentées : boeuf, brebis, cheval.
A Arras, le sanctuaire s'est implanté vers 375/380 dans la cour de l'aile Nord du sanctuaire métroaque, après avoir surcreusé les couches de remblai qui avaient recouvert ce dernier.
Arras, le sanctuaire germanique, le crane 316 de la fosse 630.jpg
La structure qui semble être la plus importante se présente sous la forme d'une fosse rectangulaire de 3,25 m sur 2,60 m et profonde de 1,40 m aux parois planchéiées. Elle est protégée par un muret d'environ un mètre et par une probable couverture de tuiles. L'ensemble a été par la suite recouvert d'un toit de chaume sur charpente reposant sur quatre poteaux (cf. maquette et photo).
Plusieurs niveaux d'utilisation ont été reconnus dans cette fosse cultuelle, livrant un certain nombre d'objets : céramiques, plane en fer (n°62), anneaux et appliques (n°63, 64) en bronze, entrave (n°73) en fer.
Placés au milieu, trois crânes humains étaient poses sur leur partie supérieure. Le premier, celui d'un enfant de cinq ans (n°78) était calé avec une côte de bovidé et un moellon calcaire. Le second, appartenant à un adulte (20/40 ans) (n°56), était placé dans une couronne de bronze cerclée de fer. Des traces de tissu étaient visibles. Un fragment de frontal d'un enfant de cinq à sept ans était placé au milieu des deux crânes.
Arras, le sanctuaire germanique, crâne posé sur une couronne de bronze
A proximité, une aire de 15 mètres sur 5 mètres en silex et craie damés conservait les traces de plus de 50 trous de poteaux. Le mobilier abondant et varié qui s'y trouvait (céramiques, trident (n°51), hache (n°61), pelle à feu (n°53) laisse penser qu'il s'agissait d'une zone de dépôt d'offrandes.
Les autres fossés du site présentent diverses sortes de dépôts, avec des objets mais aussi des restes humains (enfant et jeune fille dans la fosse F. 20) ou animaux (chien dans la fosse F 32) qui semblent avoir subi des traitements particuliers après décomposition, caractéristiques que l'on retrouve à Oberdorla.
Arras, le sanctuaire germanique, fosse F20
Les objets eux-mêmes ont fait l'objet de manipulations particulières, ainsi un fourreau en bronze (n°59) a été démonté puis plié avant d'être déposé comme dans certains sanctuaires de la période celtique.
Les offrandes d'Oberdorla, elles, sont soit jetées dans le lac soit déposées au pied d'un poteau. Ce pieu d'offrandes (Opferpfahl) a été retrouvé à de nombreux exemplaires dans cette tourbière où la bonne conservation du bois a permis de voir que ceux-ci étaient sculptés et représentaient des personnages notamment féminins.
A Arras, le négatif particulièrement important d'un poteau (diam. 50 cm ; prof. 60 cm), peut faire penser à ce type de pieu d'offrandes. Sa situation privilégiée entre la fosse centrale et l'aire d'offrandes ainsi que la présence de céramiques retrouvées à sa base sont autant d'éléments qui nous invitent à cette interprétation.
Le sanctuaire germanique, maquette du musée d'Arras
Le sanctuaire arrageois nous offre ainsi la possibilité de jeter un pont entre les mythologies des Celtes et des Germains. Et bien qu'une filiation directe soit toujours délicate à soutenir, il apparaît au travers de l'emploi systématique de fosses que ce sont les dieux du monde inférieur que l'on a honorés en ces lieux et avec qui on devait correspondre. La nature même des offrandes humaines, animales et végétales ainsi que leur mode d'emploi qui nécessite une décomposition partielle ou complète, nous incitent à reconnaître dans ces puissances chthoniennes des déités liées à la fertilité et à la fécondité.
Quant au dieu honoré en ces lieux, nous disposons maintenant d'une statue en grès landénien de 60 cm de hauteur. Les attributs phalliques gravés sur cette pierre locale, nous autorisent des comparaisons avec le dieu germanique de Fro.
Arras, le sanctuaire germanique, statue du dieu Fro
Des représentations plus récentes du IXe et XIe siècles retrouvées en Scandinavie, montrent les mêmes caractéristiques pour un dieu de la fécondité nommé Freyr et viennent renforcer notre identification.
L'aspect naturel de la pierre a largement influencé le travail du sculpteur qui s'est servi des formes anthropomorphes de la roche pour réaliser par un piquetage à la pointe, les attributs de la déité qui apparaissent en faible relief.
Arras, le sanctuaire germanique, fosse 630.jpg
La taille en ronde-bosse permet d'observer comment l'artiste a suggéré par quelques coups de burin, la position assise en tailleur de la statue, autres traits communs aux figurations de ce dieu important de la mythologie nordique.
Cette dévotion au dieu de la fertilité est confortée par le type de mobilier découvert dans les aires d'offrandes comme les serpes, les faux, les houes et fourche mais également par le choix des bêtes sacrifiées, à savoir, le cheval ou le porc, animaux emblématiques du dieu.
A. Jacques
Service archéologique de la ville d'Arras
Arras, les casernes théodosiennes
Fin du IVe siècle
Nemetacum, les casernes théodosiennes, maquette, musée d'Arras
Après l'abandon du lieu de culte germanique se sont immédiatement implantés deux bâtiments parallèles de 42 mètres sur 7,25 mètres (cf. maquette). Ces deux rectangles allongés sont divisés à l'intérieur par des cloisons formant des chambres que l'on identifie aux contubernae (logements communs).
A l'extrême fin du IVe siècle, un espace de 15 mètres a été aménagé entre ces casernes et la muraille, pouvant être interprété comme l'intervallum destiné à faciliter le déplacement des soldats et à protéger les bâtiments des projectiles ennemis. Dans ces constructions qui rappellent le casernes des forts du limes (fortifications) rhénan ou breton, le mobilier découvert montre une évidente influence militaire : pointes de flèches et d'épieux (n° 96, 98, 99), talon de lance (n°89), couteau (n° 108), passe-guide (n° 91), appliques, empreinte de chaussure cloutée (n° 124).v
Restitution d'une méthode de coulage pour la fabrication des monnaies (creuset et sa pince)
Lors d'une deuxième période d'occupation, on procède à divers réaménagements et en particulier des cloisons viennent scinder l'espace intérieur en petites unités dotées de foyers et de silos.
En même temps, on constate la présence nouvelle d'éléments de parures féminines : bagues (n° 110, 120), boucles d'oreille (n° 121), bracelets (n° 109), épingles en argent, pince à épiler en bronze (n° 111, 113) et d'activités réservées aux femmes et aux enfants (poids de métier à tisser et de fuseau (n° 104)). La présence militaire reste quand même marquée par des appliques (n° 82-84) en bronze, des éperons (n° 97) et des boucles de ceinture (n° 86). On note également des indices de travail du bronze et de la tabletterie (n° 133-140). Un ensemble de plusieurs centaines de moules monétaires (n°117) ainsi que du matériel de production (pince (n° 115) et creuset (n°116)) révèlent un atelier de faussaires un peu antérieur (fin IIIe siècle).
Nemetacum, les casernes théodosiennes, maquette, musée d'Arras
Ces casernes témoignent de l'arrivée des corps germaniques dans l'armée romaine à partir du milieu du IVe siècle, bien qu'il soit délicat de fournir une origine géographique précise à ceux de Nemetacum.
Certaines céramiques, éperons, peignes, fibules peuvent cependant permettre de proposer une provenance située entre l'embouchure du Rhin et de la Weser, ce qui rejoindrait le texte de la Notitia Dignitatum qui indique le stationnement en Atrébatie d'une troupe de fédérés bataves dans les premières décennies du IVe siècle.
Arras, les casernes theodosiennes, restitution
Arras, les sanctuaires de Duisans
L'existence du fanum (B1) de Duisans fut révélée par des photographies prises en 1972 par le pionnier de l'archéologie aérienne, R. Agache. En mars 1985, un second sanctuaire (B2), situé à 250 mètres à l'Est du premier, était repéré. Sa présence était signalée par des moellons ainsi que par de nombreux objets de la fin de l'indépendance gauloise et de l'époque romaine. Des prospections, ont permis de reconnaître la présence, immédiatement autour de ce sanctuaire, de nombreuses fondations, de fosses contenant du matériel d'époque gallo-romaine ainsi qu'en contrebas, dans le fond du val, d'une structure de dimensions indéterminées. Le site de ces deux édifices ayant subi des labourages profonds, les niveaux d'occupation ont été très bouleversés et ne permettent pas une chronologie fine.
Essai d'interprétation des différentes structures
Le temple B1 ne présente aucune difficulté d'interprétation. Il montre les fondations caractéristiques d'un sanctuaire rural celto-romain en forme de double carré concentrique, entouré d'un mur d'enceinte, délimitant l'aire sacrée ou celia (salle où se trouve la statue du dieu) et la galerie de circulation où se pratiquait le rite déambulatoire. Une partie des fondations soutenant les murs du péribole (pourtour du sanctuaire décoré de statues et de monuments votifs) qui matérialise l'aire sacrée, est également visible. En revanche, l'essentiel des bâtiments nécessaire au bon fonctionnement du sanctuaire réalisé en bois et en torchis, sans fondation, n'a pas laissé de traces.
L'accès se faisait par un petit bâtiment construit dans l'axe de l'entrée du temple. Au Sud se trouvait la mai son du custos, le gardien du temple.
Le fanum B1 a livré très peu d'objets. En revanche, le fanum B2 a permis de recueillir, jusqu'à présent, une centaine d'objets divers : monnaies, fibules, anneaux, perles en verre, bracelets, etc... L'élément le plus remarquable est un buste en bronze représentant Jupiter. Il semble que ce petit bronze soit la copie d'un original grec du IVe siècle avant J-C.
Arras, le sanctuaire d'Attis et de Cybèle
Première moitié du IIIème siècle.
C'est dans le contexte apparent d'un habitat de type urbain du Bas-Empire qu'a été mis au jour, à Baudimont, un matériel de type inhabituel, conduisant à identifier une structure à destination religieuse vouée aux divinités orientales et datée du IIIème siècle.
Les objets découverts dans ce cadre font en effet référence à Bacchus, Cybèle et plus encore Attis.
Il s'agit d'un bâtiment orienté Nord-Sud, axé sur une salle dont les dimensions (6 mètres sur 14) et le décor particulièrement soigné de fresques murales, accompagnées de placage de marbres et d'un sol pavé de pierres bleues, laissent penser qu'elle est la plus importante. Elle s'ouvrait à l'Ouest sur une galerie de façade et on a trouvé dans un angle un coffret en bois contenant 500 grammes de mercure à l'état natif, dépôt probable de fondation dont les seuls autres exemples se situent en Orient. Le fragment de peinture murale présenté ici, travail d'une remarquable qualité d'exécution, pourrait représenter Cybèle.
L'aile Nord est constituée de pièces étroites et allongées dans lesquelles ont été essentiellement découverts des objets à caractère cultuel comme les statuettes d'Attis en bronze et en porphyre, le balsamaire représentant Bacchus, le canthare (ici associé au culte de Mithra pour la tauroctomie, sacrifice du taureau dont le sang était recueilli), le vase en forme de singe et le bâtonnet en lignite. L'une des pièces, dotée d'un foyer et de structures de rangement, faisait sans doute office d' apparatorium (sacristie).
La statue en porphyre d'Attis représente le dieu habillé à la persane. il se tient debout, jambes croisées. L'utilisation du porphyre, pierre dure, difficile à travailler et importée d'Egypte, atteste l'importance du complexe cultuel arrageois.
L'aile Sud, scindée en deux parties, comporte des fosses creusées en pleine terre et sous plancher qui auraient pu être utilisées comme fosses tauroboliques (destinées au sacrifice du taureau). Le matériel livré par cette zone comprend des ustensiles quotidiens consacrés à la conservation ou à la préparation des aliments mortier et jatte en sigillée, tèle en terre cuite, moule en fer, pilon en marbre qui devaient servir à l'accomplissement du rituel.
On y a également trouvé des intailles, servant de sceaux. Elles portent essentiellement des symboles de richesse ou de fécondité Mercure, dieu du commerce et des artisans parfois assimilé à Attis, Apollon, dieu du soleil et dieu guérisseur, corne d'abondance.
Dans la cour du sanctuaire, des séries de trous de poteaux sont accompagnées d'objets évoquant les sanctuaires de divinités guérisseuses : ex-voto en plomb (plaque d'yeux et semelle de sandale) et fragments de statuettes en pierre blanche.
Vers 375, ce complexe à fonction religieuse est détruit et la statue en porphyre d'Attis subit un anéantissement méthodique et acharné témoignant d'un réaction violente contre le culte qu'elle représentait .
Les cultes orientaux
Ces cultes provenant d'Asie mineure se sont diffusés très largement dans le monde romain aux IIe et IIIe siècles après J. C., par le canal de l'armée et des marchands.
Ils répondaient, mieux que le culte des divinités gréco-romaines, aux aspirations individuelles en proposant au fidèle une doctrine du salut gagnée de son vivant par l'observation de règles morales strictes. Les dévôts subissaient une initiation et vénéraient les divinités au cours de cérémonies spectaculaires appelées mystères.
Attis, un jeune berger phrygien était aimé de la déesse Cybèle. Cette dernière tua la bien-aimée du pâtre qui, frappé de folie, s'émascula et mourut. La déesse le ressuscita et en fit son serviteur.
Cette légende explique la présence fréquente du phallus dans les objets cultuels, les prêtres de cette religion, appelés galles, renouvelant en outre rituellement, lors de certaines cérémonies, le sacrifice de leur virilité.
Cybèle, ou Magna Mater, était vénérée en Phrygie -région du Nord-Ouest de l'Aie mineure-, dès le VIIe siècle avant J. C., avant d'être amenée à Rome au IIIe siècle avant J. C.
Le mythe de Cybèle repose sur le sacrifice du berger Attis. Honorée sous la forme d'une pierre noire, son culte consistait notamment en un taurobole (sacrifice d'un taureau, symbole d'énergie vitale). Elle est traditionnellement accompagnée de lions et la pomme de pin est son attribut.
Bacchus, dieu du vin, est lui aussi d'origine orientale mais fut très tôt introduit dans le cercle des divinités gréco-romaines. Ses attributs sont la pampre et le cep de vigne.
Mithra, ou lieutenant d'Ahura Mazdah, est un dieu iranien dont la diffusion fut assurée par les populations militaires (Mithra ne recevant que les dévotions masculines).
Le culte mithriaque eut un impact très important aux IIe-IVe siècles après J-C. Les fidèles honoraient ce dieu dans le cadre de monuments semi-enterrés, des "grottes" dont la nef était décorée de l'image sculptée et/ou peinte de la victoire de Mithra sur le taureau, source d'énergie vitale. Ce dieu semble, sur le site d'Arras, lié à Attis.
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